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« Hymn to Gentrification (شارع يافا)» de Faraj Suleiman

Comme l’annonce son titre, cette chanson parle de gentrification : concept introduit à la sociologie dans les années 60 et qui parle des transformations occasionnées dans un quartier précédemment populaire pour le rendre plus bourgeois et le destiner à loger une couche sociale plus favorisée.

La chanson commence en fait avec un homme qui s’adresse à sa femme en se plaignant de n’avoir pas pu dénicher un appartement plus spacieux à cause d’une vague de modernisation qui déferle sur le quartier et rend ses tarifs hors de prix.

Le chanteur décrit ces changements en dénonçant tous ces nouveaux concepts qui ne font pas que moderniser mais défigurent l’histoire et effacent l’identité.

Mais cette chanson est loin d’être linéaire car elle comporte un message double comme le traduit la dualité de son nom en arabe et en anglais ( Avenue Jaffa en arabe) puisque elle ne se passe pas n’importe-où mais bien à l’Avenue Jaffa, l’une des principales avenues de Jérusalem.

Le chanteur énumère les attaques de ce grand ogre qui mange la ville et la change, cet ogre qui vient de Tel Aviv ou plutôt de Poland comme il le précise, laissant à l’auditeur la liberté de l’identifier comme il l’entend.

ET là on comprend que toute cette altération décrite dans la chanson est perpétrée par le colonisateur qui ne vise pas seulement à changer le standing du quartier mais à faire disparaître toute trace arabe.

Les historiens de l’État juif d’Israël avancent différentes idéologies religieuses pour expliquer leur statut de peuple élu par Dieu et défendre leur droit à la Terre promise quitte à chasser les Palestiniens qui y habitent depuis des millénaires. Et les tentatives israéliennes pour évincer ces derniers ne sont pas toujours franches et évidentes mais viennent de façon souvent sinueuse et insoupçonnée.

Cette chanson ne dénonce pas seulement la colonisation en tant que vol de terres mais également le vol d’identité et le vol d’Histoire, car pour mieux faire disparaître quelqu’un il suffit de faire disparaître son passé ou mieux se l’approprier avant de le chasser.

Hymn to Gentrification (شارع يافا) de Faraj Suleiman

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«Layla» de Eric Clapton

Kais Ibn Al Moulawah était un poète de la Péninsule Arabe, qui a vécu entre l’an 645 et 688.

Sa vie fut marquée par son amour pour Layla, qui fut au tout début sa promise. Mais le père de Layla, scandalisé quand il sut que Kais décrivait Layla dans ses poèmes, annula le mariage.

Kais en fut meurtri. Il voua sa vie à sa bien-aimée et décida de lui rester fidèle. Il partit vivre isolé dans les plaines et continua à louer l’amour de Layla dans ses poèmes.

Quand Eric Clapton apprit cette histoire de Abdelaqader Al Sufi alias Allan Dallas, elle lui rappela son amour désespéré pour Pattie Boyd (la femme de son ami Georges Harrison) et lui inspira cette chanson : Layla

Layla de Eric Clapton

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Le projet

par Ines Ayed

La fille pouffa encore ses cheveux qui retombèrent désespérément. Est-il si visible qu’elle avait la veste et le pantalon dépariés. Elle avait d’abord opté pour le tailleur noir et la chemise grise. Mais une tache de dentifrice était venu s’étaler sur le col de la veste, en l’essuyant avec un chiffon imbibée d’eau, elle ne réussit qu’à faire élargir l’auréole blanche. Quelle idée de se brosser les dents après s’être habillée ! Ses chaussures toutes noires étaient impeccablement cirées. Elle se trouvait présentable sans plus. Elle cacherait les derniers défauts de sa tenue derrière un large sourire. Elle ramassa son sac et son porte-document, et sortit. Elle aurait aimé marcher, ça aurait clarifié ses idées mais elle avait peur d’arriver défraîchie transpirante et avec des chaussures blanches de poussière, elle héla un taxi et y grimpa en annonçant sa destination. Dans la voiture elle essaya de mettre de l’ordre dans ses idées et de se rappeler les arguments les plus pertinents. Puis elle arriva devant l’entrée, paya et descendit. Elle entra au siège luxueux de la banque et s’avança vers l’agent chargé d’accueillir les visiteurs égarés.

Elle demanda à voir le Directeur des crédits avec qui elle avait rendez vous.

Elle montât les marches, suivit la mezzanine, longea le couloir frappa à la porte patienta devant, jusqu’à entendre « Entrez » et elle entra.

« Bonjour…oui je m excuse, je suis un peu en avance, alors voila je vous amène le business plan comme prévu et voila ce sont les photos du domaine.

D’après l’expression de votre visage je comprends votre déception. Vous vous demandez ce qui m’a poussé à investir dans cette ruine mais si vous voyez ce que ça peut devenir…cette maison coloniale est placée sur une colline, pas loin de la route régionale et c’est juste à trois quarts d’heures de la capitale mais dès qu’on y est, la rupture est totale. Le chemin qui y mène est étroit et peu praticable mais il est bordé de grands peupliers qui se balancent avec le vent et font jouer la lumières sur les visages des arrivants.

La maison est bien délaissée depuis longtemps mais son style colonial séduit même par ces persiennes effilées plus longues que larges mais dont le bois tombe en ruine.

Mais venez, venez, entrons !! La porte est très jolie aussi mais elle tient à peine debout, disons qu’on peut au moins en récupérer la poignée, elle est si finement ciselée.

Nous nous trouvons directement dans la salle principale avec peu de piliers, le plafond haut, inondé de lumière, et c’est pourquoi je refuse de mettre des rideaux aux fenêtres. Je reste hésitante quant au parterre, du parquet en bois ou du marbre ;

La grange attenante n’est pas moins intéressante. Elle pourra faire office de salle de restaurant. Les murs paraissent en piteux état mais ils sont solides, faits en pierre dure. L’aspect en est tellement beau et pittoresque avec cette rugosité qui rappelle la force que ce serait criminel de les enduire

La charpente par contre doit être toute refaite et j’opterais pour des tuiles en ardoises pour la recouvrir, c’est plus authentique.

La surface générale pourra accueillir jusqu’à 30 tables, des rondes bien-sur pas des carrées, les tables carrées sont moches. Elles seront assez espacées pour donner de l’intimité aux clients, mais pas trop pour ne pas avoir cette sensation de vide.

La grange communique avec la cuisine, ou ce qui devait en être une, je pense à un concept traditionnel avec des carrés de faïence blancs à décoration bleue mais équipée avec modernité. Vous connaissez les cuisines du sud de l’Italie, ces cuisines très vastes avec les bouquets d’herbes aromatiques, une batterie de casseroles en cuivre accrochées. Il y aura même un collier de figues séchées pendant au loquet de la fenêtre.

Les toilettes sont modernes mais doivent rester très sobres et surtout très confortables. On retourne vers la cuisine et on sort par la porte de derrière

Dehors on se retrouve dans le potager bio où les clients pourront cueillir les tomates qui feront leurs sauces ou ramasser les pommes de terre qui finiront dans leur purée.

On longe l’allée et au bout on retrouve les box des ânons. Ah oui ! Je ne vous ai pas dit, il y aura un élevage d’ânons. L’âne est mon animal préféré, il est tellement doux.

Les chambres sont à l’étage, elles ne sont pas nombreuses, juste quatre, mais elles garderont le même esprit minimaliste et dénué de toute complication, avec très peu de meubles, la décoration aura des tons entre le beige et le blanc cassé. Chaque chambre aura son propre balcon avec des bacs de fleurs, mais surement pas des géraniums (pas assez délicats à mon goût)… »

Elle se tut, prit le verre d’eau devant elle et en but quelques gorgées puis regarda de nouveau le banquier.

«  Vous savez cher Monsieur, je suis curieuse de savoir ce que vous en pensez »

Le banquier hocha de la tête :

«  Vous savez mademoiselle, il est très ambitieux votre projet vu l’état de votre heu…… a-cqui-si-tion, mais si jamais vous pouvez en tirer quelque chose il y a quelques détails à revoir : avant tout, les peupliers, il faut les arracher pour élargir le chemin d’arrivée, sinon aucune voiture ne pourra s’y engager. Ensuite changer la façade, peut être mettre du marbre rose, c’est tellement beau et ça donne un aspect moins triste. Le potager et l’élevage d’ânons il faut oublier, je n’y adhère pas du tout, Quelle idée d’élever des ânes, Mademoiselle !! A la place je pense à une piscine couverte chauffée et un mini green. C’est mieux non ? Avec ces quelques modifications je crois que je peux recommander très sérieusement votre dossier. »

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«Mr Crowly» de Ozzy Osbourne

Né le 12 octobre 1875, Aleister Crowley (Edouard Crowley à la naissance), plus connu comme the Great Beast 666(la bête) est un écrivain et oculiste britannique. Il a influencé l’humanité au 20ème siècle surtout les mouvements Hippie et psychédélique dans les décennies 60 et 70. Crowley, bien qu’il préconisât un nouveau courant philosophique, Thelema,  a été critiqué à plusieurs reprises pour ses pratiques sexuelles bizarres, sa consommation effréné de drogues et aussi pour ses idées politiques.

Crowley a grandi au sein d’une famille protestante mais il a abjuré la foi chrétienne à l’adolescence, il avait une bonne relation avec son père mais pas avec sa mère qui le surnommait « la bête », un pseudo qu’il va adopter  toute sa vie. Après la mort de son père, Crowley a hérité d’une fortune familiale et est allé étudier la littérature anglaise à l’université de Cambridge et c’est là-bas qu’a commencé sa rébellion contre le christianisme. Il vivait de façon excentrique et débridé. Il avait tendance à expérimenter  des pratiques sexuelles extrêmes avec des prostitués et avait aussi développé un grand intérêt pour l’occultisme. 

Crowly était décrit par certains comme la réincarnation du diable, d’autres le considéraient comme un génie mystique mais qui commettait des actes impardonnables. Malgré toutes les contradictions sur son sujet, il n’est pas indéniable que son œuvre a impacté toute une génération et a généré des réalisations littéraires, musicales et même tout un style de vie. Dans la chanson Mr Crowly de Ozzy Osbourne, sortie en 1980, le chanteur dialogue avec Mr Crowly et commence par la phrase « Mr. Crowley, what went on in your head traduisible par «Mr. Crowley  Que s’est-il passé dans ta tête ? »

« Mr Crowly » de Ozzy Osbourne