La prochaine révolution sera économique ou ne sera pas
Par Ines Ayed
Nous vivons incontestablement une époque difficile… Epoque difficile : Un euphémisme quand on se rappelle les guerres qui se multiplient, la famine et les épidémies qui sévissent surtout chez les pauvres de ce monde. Le système économique mondialiste creuse les disparités donnant les pleins pouvoirs à quelques multinationales qui en grandissant écrasent tout sur leur passage.
Mais un peu partout dans le monde, des consciences se réveillent. Et quand la majeure partie des humains accepte avec défaitisme un système fait de consumérisme et d’asservissement, d’autres se rebellent et croient en un monde différent, plus humain et plus moral. Ces derniers allumés osent même prôner tout un nouveau style de vie basé sur l’éthique sociale et le respect de l’environnement.
- Des multinationales qui appauvrissent les humains, mais aussi la nature :
Les multinationales, Eglises des temps modernes, font la pluie et le beau temps. Même les gouvernements ont intérêt à les caresser dans le sens du poil pour ramener de l’investissement et de l’emploi chez eux. Alors elles se permettent tous les caprices.
Elles choisissent souvent de délocaliser des usines des pays développés vers des pays en voie de développement et les raisons foisonnent : tout d’abord des couts de productions de loin inferieurs mais aussi la possibilité de commettre des fraudes écologiques en toute impunité chez des décideurs qui ferment plus volontiers les yeux. Comme en Inde où des analyses des eaux ont montré une forte concentration (et même la plus forte au monde) de médicaments : résultat de l’industrie pharmaceutique qui prospère dans les provinces indiennes et déverse ses eaux usées sans leur faire subir le moindre traitement d’épuration.
Mais les désastres écologiques surviennent aussi dans des pays plus riches et plus modernes, comme au Canada, où le gouvernement a choisi d’opter pour l’extraction du pétrole bitumeux aux dépends encore une fois de l’environnement. Alors avec les compagnies pétrolières, Ils ont tout d’abord rasé une large surface de la Forêt Boréale et puis ont eu recours à l’injection d’eau sous haute pression pour séparer le pétrole du sable auquel il est mélangé. Un processus très couteux en ressources et notamment (Et c’est bien bizarre) en énergie et qui déverse des tonnes d’eau polluée en pleine nature.
Et on peut continuer longtemps à dénombrer les crimes écologiques commis sous prétexte du profit et de la croissance.
- Une économie basée sur la dette
Mais manquer de ressources peut nous laisser très peu de choix et l’emprunt bancaire devient alors une évidence. Même pour le citoyen moyen, cela apparait de plus en plus comme une nécessite pour acquérir une maison, une voiture et parfois même consommer au quotidien. Après tout, les états aussi ont recours à l’emprunt pour investir, développer, croître ou même pour payer des salaires. Quel mal y a-t-il à dépenser l’argent qu’on n’est pas sûr de gagner demain ?
Mais là commence le cercle vicieux, pour chaque pays, de devoir développer plus, pour rembourser une dette qui ne cesse d’enfler, avec des ressources qui ne cessent de s’épuiser. Dans ce tableau plein de noirceur, certains pays arrivent tout de même à tricher : comme les Etats-Unis, qui pourvus de leur banque fédérale, stabilisent leur dollar (libéré d’une valorisation par l’or) comme bon leur semble et tant pis si ça va finir un jour par créer un effondrement économique mondial, plus radical que la crise de 2008. Mayer Rochild avait même dit : « Donnez-moi le pouvoir de créer la monnaie et je me moque de qui fait les lois »
Mais les nouvelles ne sont pas que mauvaises, car nous avons appris dernièrement que Pékin et Moscou ont mis au point un compromis pour faciliter les transactions commerciales directes entre leurs deux pays monnayés par leurs seules devises. Du pétrole vendu sans dollars ? Mais qui a dit qu’ils ne pouvaient pas se passer du dollar ?
*Une nouvelle moins récente (datant du 1er aout) nous annonçait aussi la formation d’une Mondiale.coalition : Les BRICS Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Cette coalition déplacerait un peu le centre de gravité économique mondial de chez le FMI et la Banque mondiale.
- La bonne foi des uns fait les choux gras des autres
Dans un autre contexte purement économique, le commerce équitable est une formule qui a été proposée à la fin de la deuxième guerre mondiale, concrétisée dans les années soixante dix, puis remise à jour ces deux dernières décennies. L’intention apparente d’un tel commerce instauré entre les pays du sud et les pays du nord est d’équilibrer les parts de marché de chaque partie intervenante dans la transaction commerciale. Et croyant participer à cette tentative de réaliser une meilleure justice sociale et économique, des consommateurs ont cru bon d’opter pour les produits portant un label de commerce équitable en ignorant que ce produit n’a d’équitable que le titre. Une opacité des échanges, un manque de traçabilité du produit et une incapacité d’évaluer la juste marge bénéficiaire de chaque partie intervenante faussent la donne et amoindrissent la crédibilité de l’équité d’un tel commerce.
- La vie autrement : tendance altermondialiste
Faire ces constations de la dégradation de notre mode de vie et l’étroitesse de nos horizons futures n’a pas empêché certains de vouloir le changement et même d’agir pour l’avoir. Des mouvements et des associations altermondialistes ont vu le jour pour militer pour instaurer un nouveau mode de vie.
ATTAC en France, (à comprendre : association pour la taxation des transactions pour l’aide aux citoyens) créée en 1998, vise à militer pour faire croire à la possibilité d’un modèle différent qui se baserait sur un meilleur respect de la nature et du genre humain sans chercher seulement l’intérêt d’un petit groupe de privilégiés comme c’est le cas aujourd’hui.
Mais la tendance n’a pas convaincu que de petits groupes peu structurés et spontanés. La tendance s’est bien répandue en Amérique latine le mouvement a pris une ampleur mondiale et la création d’un forum social qui s’organise tous les ans depuis 2001 en a émané. Les trois premières sessions ont été organisées à Porto Alegre, les suivantes un petit peu partout dans le monde. Ce rassemblement qui a été créé en premier lieu pour contrecarrer le libéralisme économique, a vu s’élargir les fronts de son militantisme et y inclure d’autres sujets tels que l’équité sociale, les medias, les droits, la culture, etc.
Aux septiques qui annoncent qu’ils ne voient rien venir, que même si eux souhaitent le changement, la machination est trop grande et qu’ils ne pourront rien faire. Les optimistes porteurs d’espoirs, répondent que la révolte commencera bientôt par la base de la pyramide sociale, là où les gens sont écrasés par les inégalités et par un système qui les exclue, les abandonne affamés et marginalisés. Des pays africains exploités économiquement alors qu’ils se sont affranchis de la colonisation, des pays de l’Asie du Sud-Est qui partent aux pays du golf non pas pour travailler mais pour devenir des quasi esclaves, des citoyens qu’on chasse de chez eux pour construire des stades ou des stations balnéaires, des Forêts qu’on rase et des animaux qu’on décime de tous ceux là et de bien d’autres émanera la révolte qui murit déjà dans les esprits et les âmes des justiciers et des opprimés.