Catégories
Raconte-moi une chanson

C’est deja ça de Alain Souchon

En 1985 éclatait la deuxième guerre civile du Soudan faisant affronter un nord arabo-musulman à un sud chrétien avec une culture tribale.  Elle causa tueries et destructions dans un pays qui n’a connu que très peu de répit. Les Soudanais ont compté le  lourd bilan de deux millions de morts et de 4 millions de citoyens civils qui ont du quitter leurs maisons. La sécheresse qui sévit sur le pays en 1984 et e 1985 n’arrangea pas les choses et entraina la famine pour 5 millions de personnes et la situation économique est au plus mal malgré deux autres coups d’Etat, dont celui de Omar Al Bachir en 1989 qui veut instaurer la Charia islamique.

Beaucoup de citoyens ont fui leur pays vers des pays d’Afrique ou même vers l’Europe. En 1993, Alain Souchon évoque dans sa chanson « C’est déjà ca » les péripéties d’un migrant soudanais dans un beau quartier parisien pour vivre et s’intégrer, écrasé par la misère et la nostalgie de son pays meurtri.

Aujourd’hui encore le Soudan se trouve accablé par les convoitises des sanguinaires et connait à nouveau une guerre terrible et insensée. Entre milices armées sous le commandement de Mohamed Hamdan Dogolo alias Hemetti  et l’armée officielle du pays sous l’ordre de Abdel Fattah al-Burhan chef d’Etat actuel,   la population se trouve terrorisée, appauvrie et décimée. Devant un Soudan où on assassine des enfants et  viole des femmes, la communauté internationale s’indigne et condamne un temps mais ne s’interpose pas ni ne se donne les moyens d’intervenir pour stopper le carnage.

Les Soudanais, qui ont suscité notre admiration en 2019 avec leur révolution pour renverser le Dictateur Omar Al Bachir, méritent la paix aujourd’hui.  Il est légitime pour eux de rêver d’un pays paisible et prospère….rêver c’est déjà ça, comme chanterait Souchon.

C’est deja ça de Alain Souchon

Catégories
Raconte-moi une chanson

Beni Watany de Oulaya

Malgré l’indépendance officielle de la Tunisie en 1956, l’état français gardait une dernière base militaire au nord du pays, à Bizerte. Sept années difficiles ont suivi entre guerres et efforts diplomatiques pour restituer la gouvernance du pays. En 1961, Habib Bourguiba invita le général Charles de Gaulle pour négocier le retrait complet et définitif des troupes françaises. Il a fallu deux années de lutte et de pourparlers pour obtenir un accord qui décida l’évacuation le 15 octobre 1963 du dernier soldat français du sol tunisien.

Le lendemain, on avait installé à l’avenue Habib Bourguiba des mégaphones pour diffuser l’une des plus belles chansons patriotiques jamais chantées  avec la sublime voix de Feue Oulaya: “Beni Watani ». La chanson entonna dans les cœurs des Tunisiens qui revivent alors un regain de nationalisme.

Plus de 6o ans sont passées, même si les pays africains qui étaient sous la colonisation française ont tous pris leur indépendance depuis des décennies, certains sont encore sous le joug économique de la France. Pourtant les derniers coups d’état en Afrique contre des pouvoirs soutenus pour la France redéfinissent la présence française sur le continent.

La colonisation moderne n’est plus militaire, elle devient économique et s’installe grâce aux multinationales puissantes comme des Etats, à l’instar de Total. Environnement dégradé, aliénation industrielle et pouvoirs corrompus ne sont que des aspects de ce nouvel impérialisme.

Jusqu’à ce qu’on obtienne un jour un monde avec un rapport des forces plus équilibré, rappelons-nous avec fierté notre fête de l’évacuation d’un certain  15  octobre 1961, avec la belle voix d’Oulaya :

Beni Watany de Oulaya

Catégories
Raconte-moi une chanson

Asbaha Andi Al’an Bondoqeya de Om Kulthoum اصبح عندى الان بندقية

En 1967, la guerre des six jours éclata et opposa Israël à l’Egypte, la Jordanie et la Syrie.

L’armée égyptienne fut lourdement attaquée par les troupes ennemies, en ce matin du lundi 5 juin. Les avions furent bombardés au sol avant même de décoller. La défaite fut sanglante et eut comme conséquence la prise de la bande de Gaza et de la péninsule de Sinaï à l’Egypte, du plateau du Golan à la Syrie ainsi que de la Cijordanie et de Jerusalem-Est à la Jordanie.

La Naksa (traduisible par échec) marqua le monde arabe et confirma la difficulté de récupérer les territoires occupés de Palestine.

Sept ans plus tard, le 7 octobre 1973, les armées égyptiennes et syriennes coordonnent des attaques simultanées qui même si elles ne permettent pas une victoire écrasante ont permis la reprise de Sinaï et de quelques villes syriennes.

Depuis les Arabes restent défaitistes et perdent peu à peu l’espoir de voir les Palestiniens reprendre leur terre et chasser l’occupant. La cause palestinienne est oubliée et ne parvient pas à s’imposer à tous comme juste et légitime.

Samedi dernier, 50 ans après la guerre d’Octobre, les membres de la résistance palestinienne installée dans la bande de Gaza sont partis de celle-ci pour envahir le territoire occupé dans une attaque appelée Déluge d’Al Aqsa. Grace à des avions drones de fabrication artisanale et  une percée technologique du dispositif sécuritaire israélien et du dôme anti-missiles, les villes de l’Etat sioniste ont été bombardées.

Les morts et les prisonniers parmi les civils et les militaires israéliens  se comptent par centaines : constat effarent pour une entité trop habituée à voler, agresser, emprisonner et tuer sans représailles en contre partie.

En 69, Om Kalthoum chante le poème de Nizar Kabbani mis en chanson par Abdelwaheb «  Ana al yawma andi bondoqiya » Et qui commence par deux vers traduisibles en francais par Aujourd’hui je possède un fusil, Emmenez moi en Palestine avec vous.

La chanson se conclut par un vers traduisible par « Vers la Palestine, il y a un seul chemin, il passe par le canon d’un fusil. » comme pour signifier que ce qui a été pris par la force et le feu ne peut être récupéré que par la force et le feu.

Asbaha Andi Al’an Bondoqeya de Om Kulthoum اصبح عندى الان بندقية

Catégories
Raconte-moi une chanson

“Ya Weel Weely” de Safar

Le nord de la Syrie souffre depuis quelques jours des répercussions d’un séisme des plus meurtriers de l’histoire de l’humanité faisant des morts par milliers. Des maisons déjà dévastées par les bombardements de Bachar Al Assad étaient anéanties par le tremblement de terre. Les rescapés se sont trouvés sans abris souffrant de froid et de faim.

Par le passé, la Syrie, a longtemps charmé par sa beauté et sa verdure. Le pays était connu pour l’élégance de ses habitants et par une qualité de vie tellement réaffinée et prisée qu’elle transformait sa capitale Damas en une des plus importantes métropoles au monde. Mais cela provoquait également une avalanche d’envahisseurs  qui arrivaient avides de posséder ses richesses et sa position stratégique.

ce pays a longtemps souffert de guerres et de conquêtes qui ont défiguré le pays et ont même asséché ses rivières. 

Il y a dix ans, la vague du printemps arabe fit éclater la révolte populaire qui se changea rapidement en une guerre civile. La situation empira avec l’avènement de Daech terroriste et sanguinaire.

Avec le prétexte de lutter contre Daech et les extrémistes, le pouvoir en place, représenté par le seul et l’unique Bachar Al Assad,  tyrannisa encore plus ses citoyens aidé en cela par la Turquie et la Russie 

Cette reprise du groupe Safar ne parle pas du séisme. Elle a été sortie il y a plus une année mais parle bien d’une Syrie meurtrie et ravagée.

Cette chanson qui reprend le folklore syrien pourrait être juste agréable à écouter et passer pour une simple complainte d’un amoureux transi si l’histoire d’un patriote obligé de quitter sa nation ne venait lui donne une nouvelle lecture.

Des milliers de Syriens dont des artistes et des auteurs ont quitté depuis des années leur pays pour fuir un régime criminel. Ils pleurent encore  un pays qu’ils chérissent et qu’ils rêvent de retrouver heureux et libre.

“Ya Weel Weely” de Safar

Catégories
Raconte-moi une chanson

« Ahibbâ’i » de Julia Boutros

Hassan Nasrallah est devenu le secrétaire général de Hezbollah, parti islamique Chiite au Liban, en 1992, à juste 32 ans. Dès lors il déclare la guerre à Israël et réussit à stopper l’agression faite par cette dernière au sud du Liban. Les affrontements ont duré jusqu’en 2000, date à laquelle, Israël décide de se retirer.

En 2006, une deuxième attaque est faite au Liban. Les combats entre les troupes de Hezbollah et les soldats israéliens durent 34 jours avant un cessez-le-feu décidé par l’ONU.

Hassan Nasrallah fédère une sympathie de tous bords au Liban et ailleurs, car on le considère comme celui qui a su tenir tête aux Israéliens. Et même s’il a toujours affiché et assumé le caractère religieux de son parti, une grande partie des Libanais. Qu’ils soient sunnites ou chiites, musulmans ou chrétiens, ils le voient comme un leader politique et militaire qui a sauvé leur pays de l’occupation. En Août 2006, il fait un discours mémorable pour s’adresser aux Libanais, aux Arabes et aux Musulmans et les féliciter de la victoire. Il s’adresse aussi à ses troupes pour leur dire toute sa gratitude et combien il est important de continuer la résistance.

Cette même année, Julia Boutros, chanteuse libanaise, reprend des extraits de ce discours dans sa chanson « Ahibbâ’i » traduisible par « Mes chers »

« Ahibbâ’i » de Julia Boutros

Catégories
Raconte-moi une chanson

«Libertad» de Thomas Fersen

Cuba a toujours été un pays des plus emblématiques pour son attachement au régime communiste sous la gouvernance de Fidel Castro de 1960 à 2008. L’embargo imposé par les Etats-Unis l’avait isolé encore plus et en a fait un pays pittoresque qui n’évolue pas ou très peu avec le temps .

Le pays ne brille pas que par son tourisme et ses artistes. Dans les conditions sévères de l’embargo deux domaines ont su se développer pour faciliter l’indépendance et l’auto suffisance économiques de Cuba, à savoir l’agriculture biologique et l’industrie pharmaceutique.

Et même si l’embargo est levé grâce aux efforts mutuels de Raul Castro (frère de Fidel à qui il a cédé le pouvoir) et de Barak Obama, Cuba garde une authenticité et une images uniques qui attirent vers elle de plus en plus de touristes. Mais comme nombre de pays communistes, Cuba impose aux touristes l’obtention d’un visa. La durée maximale de ce visa est d’un mois renouvelable une seule fois dans l’année. Thomas Fersen évoque dans sa chanson Libertad (écrite et sortie avant l’avènement de Raul)son amour pour Cuba et l’envie de rester plus que deux mois par an.

«Libertad» de Thomas Fersen

Catégories
Raconte-moi une chanson

«Mach’hour Daghbaji» de Ismail Hattab

Mohamed Salah Zaghbani alias Daghbaji est né en 1885 dans la ville de El Hamma à Gabes. Il avait depuis sa tendre enfance une profonde haine envers les colons français. A l’âge de vingt-deux ans il accepta, vu la situation précaire qu’il vivait, d’être enrôlé dans l’armée de l’occupation. Il y resta cinq ans pendant lesquels il apprit ce qui se passait en Tunisie et surtout en Lybie d’où les échos de la résistance se faisaient de plus en plus entendre. Il partit alors rejoindre l’armée des résistants à Tripoli avant de décider de revenir pour combattre en Tunisie.

Daghbaji était un bon stratège, courageux et bon tireur. Il avait été le leader des fellaghas malgré son jeune âge et avait su esquiver les multiples guet-apens mis en place par les Français pour l’attraper. En 1921, il fut tout de même attrapé par l’armée italienne et remis aux Français.

Daghbaji fut exécuté le 27 avril 1924 sur la place publique. Lors de son exécution, il refusa qu’on lui bande les yeux. Il mourut souriant au milieu des youyous que lançaient ses proches, fières.

Feu Ismail Hattab nous chante dans la chanson « Mach’hour Daghbaji », traduisible par « le glorieux Daghbaji », l’épopée de ce martyr.

«Mach’hour Daghbaji» de Ismail Hattab

Catégories
Raconte-moi une chanson

«Master Blaster» de Stevie Wonder

En 1979, Le Zimbabwe était encore une colonie britannique. Même si ses voisins frontaliers, la Zambie et le Malawi, avaient déclaré leurs indépendances depuis 1964, le Zimbabwe n’avait pas pu se défaire du contrôle des Britannique imposé depuis 1840.

En 1978, le chef de gouvernement en place, Ian Smith, entreprit des pourparlers avec le mouvement des nationalistes noirs modérés. Ces pourparlers ont abouti à la constitution d’une nouvelle assemblée et d’un nouveau gouvernement qui seraient tous les deux constitués équitablement de noirs et de blancs. Mais cet acquis ne calma pas les ardeurs des révolutionnaires qui finirent par faire signer au gouvernement britannique les accords de Lancaster le 21 décembre 1979 première étape dans la proclamation du Zimbabwe comme pays libre et indépendant déclarée le 17 avril de l’année suivante.

L’automne de l’année 1980, Stevie Wonder chanta en live avec Bob Marley lors de la tournée de ce dernier aux Etats Unis. Pour l’occasion, Stevie Wonder écrivit « Master Blaster » (Meilleure musique) un air de Reggae pour rendre hommage à l’icône jamaïcaine et pour célébrer par la même occasion l’indépendance du Zimbabwe.

«Master Blaster» de Stevie Wonder

Catégories
Raconte-moi une chanson

«Al Watan Al Arabi» opérette de Mohamed Abd El Waheb

En 1956 Jamel Abd Ennaser avait nationalisé le Canal Suez, tournant le dos au financement occidental. Cette décision fit croître sa popularité dans beaucoup de pays arabes . Par la suite, quand Nasser a parlé de l’union arabe, un même vent de sympathie enthousiasma les populations arabes qui venaient, pour la plus part, juste de se défaire du colonialisme.

La propagande fut grande et le rêve berça les pays arabes de voir disparaître leurs frontières pour devenir unis dans un même état. Nasser avec son charisme et ses décisions audacieuses était le leader de cet espoir. La première concrétisation était venue par l’union entre l’Egypte et la Syrie, mais cette petite union ne dura que trois ans.

La défaite de l’Egypte lors de la guerre des six jours en 1967 eut l’effet d’un choc sur le monde arabe et ébranla leur confiance en Abd Ennaser et en son rêve d’union. Trois ans plus tard, Nasser décéda et le projet de l’union du monde arabe fut complètement abandonné. Certains pourtant n’oublient pas et gardent des décennies plus tard cette utopie.

De la vie de Nasser, une grande propagande eut lieu, notamment artistique et menée entre autres par le grand Mohamed Abd El Waheb qui composa l’opérette  » Al Waten Al Arabi » traduisible par « Le monde arabe ».

«Al Watan Al Arabi» opérette de Mohamed Abd El Waheb

Catégories
Raconte-moi une chanson

« Khawuleza » de Miriam Makeba

Le 21 mars 1960, douze ans après l’instauration du système de l’apartheid en Afrique du Sud, des manifestations avaient été organisées dans les Township (les quartiers pauvres des noirs) pour dénoncer l’obligation pour les noirs de se munir d’un « Pass » (passeport interne) et la rémunération dérisoire de la journée de travail.

A Sharpeville, une township réputée calme et sans problèmes, les habitants étaient partis manifester devant le poste de police. Les quelques agents qui s’y trouvaient, furent impressionnés par la foule qui s’amassait et appelèrent du renfort. On leur envoya depuis Johannesburg des chars et des avions. Les manifestants, en majeur partie des femmes, des enfants et des vieillards, ne se défirent pas de leur bonne humeur et ne se montrèrent, à aucun moment, violents. Pourtant, un cafouillage du commandant donna le départ aux tirs de feu des policiers, qui firent tomber 69 morts et quelques 200 blessés.

Pendant des années et des années après, les enfants des Townships, accouraient dès qu’ils voyaient s’arrêter une voiture de police dans leurs quartiers. Apeurés, ils criaient à leurs mères de crainte qu’elles ne soient arrêtées « Khawuleza, Khawuleza Mama » ce qui signifie « Dépêche-toi Mama ».

Ces mots ont été chantés par Miriam Makeba en 1966.

« Khawuleza » de Miriam Makeba